45 ans que Christian Orbita façonne avec une passion sans faille des violons. «C'est après le bac que j'ai compris ma voie. C'était de devenir luthier. En France, j'étais trop vieux pour accéder à l'apprentissage. J'avais 18 ans, il en fallait 16. Du coup, j'ai pris mon baluchon et je suis parti en Allemagne et en Angleterre. 10 ans à apprendre, comprendre ce travail de patience avant de s'installer à Cordes où vivait une partie de sa famille. Nous sommes en 2003. Christian Urbita est ami de longue date avec Renaud Capuçon, violoniste soliste français connu dans le monde entier. Il lui a déjà proposé plusieurs violons. «À chaque fois, il me disait, pas assez de graves, pas assez d'aiguës, Christian, ce n'est pas bon. Il avait raison.»

Notre luthier décide de s'enfermer dans son atelier pour comprendre. Et découvre notamment que Stradivarius façonnait ses instruments dans un bois vivant, très peu séché. La solution était là. «Après des centaines d'expérience, j'ai trouvé les bains de plantes idéales.» Reste à trouver les bons arbres. «J'ai voyagé un peu partout pour cela. Il me fallait un sycomore et un épicéa. Recherche vaine. Jusqu'à un jour de 2015 «Un ami m'appelle. Il se balade dans les jardins de Saint-Pierre-de-Bèze en Bourgogne. Il me dit. Christian, tu cherches des sycomores. Ici, il y en a de superbes». Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, il y a aussi un épicéa». Ces arbres sont coupés. Durant trois ans, Christian n'a de cesse de travailler. En 2018, le violon est terminé. Le Maestro décide de faire un concert dans cette abbaye où ont été coupés les arbres. Nous sommes le 24 août. «Un concert fabuleux devant 300 personnes. Renaud a joué avec mon violon comme cela, sans l'avoir apprivoisé avant. Incroyable. Cet homme est un musicien unique. Pour moi, c'est exceptionnel. Enfin. J'ai réussi» savoure le luthier.